En guerre

18. nov., 2015

Ils nous disent tous depuis vendredi « Nous sommes en guerre ! » Nous l’étions déjà depuis longtemps, et sans que le peuple français l’ait décidé. Aucune question soumise à référendum, aucun vote du Parlement. Par contre ce n’est pas le décideur mais bien le peuple français qui est massacré et pris en otage. Ce n’est pas lundi 16 novembre qu’il convenait de réunir le Parlement : il est bien trop tard. C’était avant de décider de ces frappes aériennes afin d’être sûr que le peuple français était bien d’accord. La guerre est une chose bien trop grave pour être laissée à la seule décision du Président de la République conseillé par son Chef d’Etat Major. Un pays réellement démocratique ne peut pas accepter que ces méthodes arbitraires se poursuivent sans contrôle populaire.
Si nous avions une armée de conscription et non pas de métier, nous n’en serions pas là : les appelés et leurs familles auraient donné leur avis et auraient donné de la voix.
La dérive avait commencé avec le passage du régime parlementaire au régime présidentiel : De Gaulle voulait un régime monarchique constitutionnel avec l’onction du plébiscite, qui lui permettait de mépriser le Parlement et ses manœuvres partisanes. Un chef de la nation directement adoubé par le peuple, en court-circuitant les corps intermédiaires, afin d’avoir les coudées franches. Heureusement, si le ton restait martial, le personnage n’était pas belliciste : il a mené à bien la décolonisation et a construit avec Adenauer une Europe pacifiée ; il a peaufiné le système de protection sociale et renforcé le système économique avec les entreprises d’Etat et la planification.
Nous avons eu beaucoup de chance avec le premier Président.
Beaucoup moins depuis 2007 : les deux derniers monarques ont soigneusement détricoté tout ce que De Gaulle avait réussi à construire, se soumettant avec empressement aux desiderata des banquiers et des USA. Nous en sommes là aujourd’hui : Obama ne veut plus se sacrifier, alors il délègue, sur le Mali et sur la Syrie, et sur l’Ukraine. Et, gonflés de fierté, nous y allons.
Le comble du comique c’est que les frappes françaises visent en Syrie les camps d’entraînement de Daesh alors que les tueurs qui nous frappent ici sont bien français, parfois depuis plusieurs générations.
Hollande se trompe de guerre : elle est ici la guerre, menée par une infime partie de la population qui déteste la France et tout ce qu’elle représente, des jeunes hommes qui se sont détachés de nous à l’adolescence, avec arrogance, morgue et mépris envers l’école, les règles, les lois, le travail, le collectif, l’autorité et le respect des adultes. Tous les combattants sacrificiels ont commencé par n’être que des petits voyous machistes et mégalomanes, alors, quand les prédicateurs et les réseaux sociaux leur ont offert une issue glorieuse et une cause sacrée, ils s’y sont engouffrés : leur testostérone et leur haine trouvaient enfin une justification idéologique.
Ils ont échappé à la scolarisation, à l’éducation, aux valeurs de la République : alors pour ceux-là les mesures pédagogiques viennent trop tard. Il faut éradiquer, mettre hors d’état de nuire, expulser, interdire de territoire, et pour cela modifier la loi si besoin, puisqu’ils arrivent à se faufiler sachant que nous respectons le Droit.
C’est ici que l’armée doit mener cette guerre, avec la police et avec l’ensemble des citoyens organisés en garde nationale : au coeur de la société française et pas au Proche-Orient. Pour qu’on en finisse avec cette infime minorité qui pourrit la vie à tout le monde.

Partagez cette page

Le Discours du Père

24. août, 2015

 

« C’était un bon garçon, très travailleur.

Il ne parlait jamais de politique, juste de football et de pêche. 

Je n’ai aucune idée de ce qui lui est passé par la tête, je ne lui ai pas parlé depuis plus d’un an. »

Ce discours je l’ai entendu maintes fois en psychiatrie.

« Ce gamin je l’ai fait, puis je l’ai confié à sa mère ou à ma soeur.

Moi je suis reparti chez moi pour affaires.

Tout ça c’est à cause de la société européenne.

Tout ça c’est à cause des enseignants qui lui mettent des mauvaises notes et qui n’arrivent pas à le discipliner, on dirait qu’ils veulent juste l’éjecter de l’école.

Après c’est la faute aux patrons qui ne veulent pas l’embaucher à cause de son faciès ou qui le licencient tout de suite. »

Nous avons là les vrais coupables à différents niveaux :

Le père qui engendre et qui se tire en abandonnant et en livrant à lui-même son fils. C’est à la société à s’en occuper.

Les délinquants qui lui disent que l’école ne sert à rien et qu’il peut se faire beaucoup de fric facile en les aidant à dealer.

La drogue qui le rend idiot et parano.

Les religieux qui lui fournissent un responsable de son malheur tout désigné et une mission idéologique et historique.

Les vrais criminels sont là, à ces quatre niveaux.

Aléatoire

23. août, 2015

 

 

 

Après la folie du Thalys, Guillaume Pépy nous dit en gros :

« Bien sûr que nous allons renforcer les contrôles des bagages, mais de manière aléatoire, pas systématique, ça prendrait trop de temps et ça coûterait trop cher, et le prix du billet ne serait plus compétitif par rapport à l’avion. »

 

Donc nous pouvons tous être tués, mais de manière aléatoire, le jour où un voyageur n’aura pas été contrôlé.

Ils ne veulent pas comprendre que nous sommes en guerre contre des gens très malins, très organisés, très pervers, des monstres dont le seul carburant est la haine, qui ont du fric et qui manipulent des fous.

Que nous reste-t-il comme stratégie ?

Ne plus prendre le train, l’avion, le bus, le bateau.

Ne plus assister à aucun spectacle, ne plus assister à aucun match, ne plus aller visiter les expositions, ne plus aller dans les grands magasins, ne plus aller sur les marchés de plein vent, sur les marchés de Noël, dans les églises.

Ne plus sortir de la maison en fait.

C’est ça le plan ?

 

Ben oui, ça s’appelle le terrorisme.

Encore les religions !

6. mars, 2015

Je croyais que nous étions enfin tranquilles, que les manifs pour Charlie avaient bien marqué de façon définitive ce que pensaient les Français, que la question des religions en France était désormais réglée, et que les carnages récents allaient nous débarrasser enfin de leur présence sur la scène médiatique...

Mais j'étais naïf ! Pas du tout ! Au contraire !

"Le monde des Livres" en rajoute une couche et fait cette semaine un numéro spécial sur l'islam, en essayant de différencier les bons et les méchants, les vrais et les faux, et de mettre en valeur des modérés, des gentils, des polis, des présentables, des penseurs sérieux qui véhiculent un message intéressant et que nous aurions tort d'ignorer... "Le Monde" mouline son grain pour nous gaver encore avec cette farine périmée et insipide.

Il faut arrêter avec les religions !

Les religions c'est terminé :

dans nos têtes, depuis que nous avons quelques neurones adultes qui marchent,

et institutionnellement, depuis 1905 : les religions en France sont officiellement de doux délires collectifs qui sont tolérables en tant que doux délires s'ils restent dans la sphère privée, c'est-à-dire à condition qu'ils ne se mettent pas à prétendre régenter la sphère publique et la vie privée de tout le monde : la politique, les lois, l'éducation, les sciences, les hôpitaux, les piscines, les bibliothèques, les moeurs, les vêtements, la nourriture, la musique, le cinéma, la littérature, le dessin satirique, la sexualité, la virginité des filles, les cheveux, la contraception, l'avortement, les monokinis... tout quoi.

Qu'un grand journal jusqu'ici respectable laisse entendre que c'est notre attitude à l'égard de l'islam qui poserait problème en France, c'est proprement scandaleux.

C'est bafouer le long combat des athées, des libres penseurs, des franc-maçons, des féministes, des laïcs, des démocrates, des républicains, des hussards noirs de la République qui se sont sacrifiés pendant des décennies pour éduquer TOUS les enfants de France, quelle que soit la religion de leurs parents, et pour leur donner à tous le socle indispensable de l'esprit critique, de la logique, de la rationalité, et des outils de pensée personnelle contre les discours dogmatiques, hypnotisants, rétrogrades, médiévaux et manipulateurs des diverses religions.

Nous avons eu du mal avec la religion catholique qui a longtemps été outrée par cette relégation dans la sphère privée. Moins avec les deux autres (la judaïque et la protestante) qui s'en sont accommodées plus facilement. Nous avons encore un petit problème d'anomalie locale avec l'Alsace et la Moselle, mais c'est notre village gaulois...

Mais la quatrième religion, je crois que ceux-là ne sont pas encore au courant ou font semblant de ne pas l'être : la Loi en France ce sont les Citoyens qui en décident, leurs représentants au Parlement qui la votent, et l'exécutif qui l'applique. OK ?...

Ce long travail séculaire d'idéalistes anonymes, nous n'allons pas le laisser piétiner comme ça, par certains "politiques" qui se disent déjà prêts à "négocier" : négocier quoi ? avec qui ? et qu'aurions-nous à négocier d'ailleurs ? qu'aurions-nous à céder ? et en échange de quoi ?

On marche sur la tête !

Si l'on m'avait dit qu'un jour j'aurais à défendre Jules Ferry, pas le chantre de la colonisation, celui de l'école publique, laïque et obligatoire !...

Le sacré et le blasphème

12. janv., 2015

Je suis écoeuré par le papier de Jacques-Alain Miller sur « Le retour du blasphème » publié dans Le Point (N° 2209 daté du 15/01/2015). 

Sans jamais prendre franchement position, mais, subtilement et par sous-entendus, il nous renvoie à une décision que nous devrions prendre, nous, "la France" : il nous laisse entendre que les dessinateurs de Charlie Hebdo sont allés trop loin, qu’ils ont manqué de respect à un groupe de croyants, qu’ils ont bafoué leur sentiment du sacré, qu'ils se sont pris le retour de bâton, et que nous n'aurions pas le droit de dire aujourd’hui en France, comme Marx, que « la religion est l’opium du peuple ».

Plus pervers encore il nous dit que le choix serait entre le maintien de notre position laïque pure et dure d'occidentaux privilégiés, qui ne pourrait que nous amener à renvoyer chez eux tous les "allogènes" qui n’ont pas le même sacré que nous (allusion à Eric Zemmour, et donc bien sûr inacceptable) et mettre de l’eau dans notre vin, passer un compromis sur la laïcité (le voile, la polygamie, les oukases sur la musique, la piscine, la cantine, les cours de biologie ou de gym ?) et sur l’humour : ne pas se moquer de l’Islam (ne rien en dire, ne rien en penser ? ne pas le tourner en ridicule ?) L’Islam étant la religion des pauvres immigrés, il serait intouchable ? il faudrait le sacraliser ? sinon ce serait leur manquer de respect ?

Tout ceci est d’une particulière mauvaise foi. Car l’équipe de Charlie Hebdo ne s’est jamais moquée des musulmans qui vivent en France en paix et qui pratiquent leurs rituels comme les autres croyants, juifs ou chrétiens, dans le respect de la laïcité c'est-à-dire sans prétendre imposer leurs coutumes aux autres. Ils se sont par contre toujours attaqués aux clergés de toutes les religions, aux grands manitous, aux manipulateurs de tout bord, intéressés surtout par leurs positions de pouvoir, et quel meilleur moyen d’asseoir son pouvoir que de prétendre le tenir de Dieu. Intouchable ! 

Mais ils se sont surtout attaqués ces dernières années au fascisme vert qui, sous couvert de retour à un Islam authentique, vise à mettre en place chez nous, comme il l'a fait ailleurs par le passé, une organisation sociale médiévale, obscurantiste, militaire et machiste, totalement délirante et dépassée, régissant tous les aspects de la vie privée, et dont les femmes et les petites filles seraient bien sûr les premières victimes : le retour à l’ordre moral passe toujours bizarrement dans ce cas par la remise des femmes au pas.

Un délire, même s'il est partagé par plusieurs, doit être appelé un délire : non ?

C’est avec ça que nous devrions passer un compromis ? Qu’en pensent nos amis musulmans tunisiens,marocains, algériens, français ou égyptiens, démocrates et laïcs ?

Il est d’autre part assez curieux qu’un psychanalyste évite aussi soigneusement les questions de la psychopathie, du narcissisme, de la pulsion de mort, de la virilité violente, de la mégalomanie paranoïaque, et laisse entendre que nous avons affaire simplement à des opinions, des systèmes de valeurs, des croyances et des idéologies, à respecter donc, et à tolérer.

Je suis donc écoeuré, mais pas étonné, que ces propos viennent du pape de l’église lacanienne, gendre du fondateur et donc héritier légitime en ligne directe. Qu’il défende le sacré et reparle de blasphème ne m’étonne pas. Son groupe a toujours fonctionné sur des principes très clairs : un dogme, des tics de langage à imiter comme signe de reconnaissance, un jargon à répéter rituellement, un adoubement par les parrains, une allégeance et une soumission, et surtout des positions de pouvoir dans l’Université qui assurent le recrutement d’étudiants pris d’abord comme disciples puis comme analysants avec la perspective de devenir analystes un jour, ou mieux, représentants et défenseurs du groupe dans l’Université. Tout ceci avec l’alibi d’une position politique à gauche (marxiste même à une certaine époque !) qui fait partie du marketing.

Ma petite entreprise ne connaît pas la crise.