Burkini

26. août, 2016

Quand j’ai vu les photos des policiers municipaux de Nice obligeant cette femme à retirer sa tunique, je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire en pensant à Louis de Funès et aux Gendarmes de Saint-Tropez faisant la chasse aux nudistes : Galabru, Lefebvre, Marin, Grosso et Modo. Je me suis dit : « c’est le monde à l’envers ».

Avec quelques différences : les nudistes de 1964 affichaient une liberté corporelle festive et transgressive face à l’ordre hypocrite pudibond et victorien ; et ils étaient hommes et femmes mélangés, courant à poil joyeusement dans les vagues. Le nudisme sauvage a toujours été le contraire du naturisme encadré dans les camps aseptisés et les ghettos asexués de l’Ile du Levant ou du Cap d’Agde.

Les adeptes du burkini me rappellent ces photos en noir et blanc de la Belle-Epoque où les dames devaient se baigner tout habillées avec pantalons et robes pour préserver leur pudeur et ne choquer aucun regard : pendant que les messieurs à moustache paradaient dans leurs maillots moulants à bretelles. 

Les messieurs qui accompagnent les dames en burkini sont, eux, déshabillés à l’européenne : tout nus sauf le slip de bain ou le short. Il n’y a pas de tenue pudique pour les hommes : Dieu merci ! Ils peuvent exhiber leurs pectoraux, leurs quadriceps, et mouler leur sexe sans choquer la morale.

Le corps de l’homme n’est pas soumis à l’obligation de la disparition : il peut s’exhiber dans l’espace public, qui lui appartient en fait. Le foulard, le voile, la tunique sont réservés à la femme qui, dès qu’elle met un pied dans cet espace, représente un risque pour son propriétaire : celui d’être vue, regardée, désirée par un autre. L’homme, lui, n’étant pas propriété de la femme, peut se montrer sans voiles et adopter les habits européens, parce qu’il est le boss, et qu’il a le droit de draguer les filles européennes qui s'offrent en mini-jupe dans la rue ou en monokini sur la plage.

Vous voyez que nous avons affaire à des progressistes !

Commentaires

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Rt973

17.05.2022 15:56

C'était vrai en 2016, ça l'est en 2022, il faut que certains viennent se rafraîchir la mémoire ici. Bravo !

Nice

17. juil., 2016

Les victimes arabes ou musulmanes de la tuerie de Nice ne sont plus là pour en témoigner : il ne s’agissait pas de punir cette fois des militaires arabes engagés dans l’armée française, ni des dessinateurs iconoclastes, ni des jouisseurs se vautrant dans l’alcool et la musique, mais des gens ordinaires, la foule, familles et enfants qui se pressent pour s’émerveiller devant ce spectacle gratuit : le feu d’artifice du 14 juillet, toutes races et religions confondues. La fête de la nation française.

Un homme violent et malade de haine dont le suicide programmé après une furie meurtrière n’a été récupéré par Daech qu’après plusieurs heures de doute précautionneux.

Certains responsables musulmans de France se sont enfin réveillés après ce dernier massacre. Ils ont clairement dit que l’islam d’Arabie Saoudite, d’Afghanistan, du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie, n’est pas compatible avec la vie en France. Ils en ont marre eux aussi d’entendre après chaque tuerie que l’islam est une religion de paix et n’a rien à voir avec tout ça. C'est trop facile. Ils en ont appelé à la fondation d’un islam de France, tolérant envers toutes les religions et envers l’athéisme, cessant de s’immiscer dans les rôles sexuels et dans l’apparence publique des femmes, cessant de jeter l’anathème sur la mixité, les cours de piscine ou de biologie de la reproduction, respectueux de toutes les lois de la République, votées par les représentants du peuple français. 

Ils ont clairement vu que la stratégie de Daech était de pousser en France à une guerre civile où certains sommeraient les arabo-musulmans à partir ou à se soumettre, à choisir leur camp (comme pour les juifs en Espagne en 1492), et où, en réponse, les jeunes des cités prendraient les armes non plus pour régler leurs comptes entres bandes rivales mais pour descendre en ville piller et tuer les gaulois.

Nous avons enfin là une parole qui va dans le bon sens.

Elle oublie juste de parler de quelque chose qui me paraît essentiel. 

Il faut remonter en amont et mettre à jour le déficit en éducation de ces jeunes : certains pères absents qui laissent toute la responsabilité éducative à la mère, qui elle-même ne peut que s’en remettre aux institutions ; des jeunes à la dérive qui dès la pré-adolescence sont incités à ne plus aller à l’école et à gagner leur vie en s’enrôlant dans le camp des dealers ; des conditions de vie misérables qui créent le sentiment d’être enfermés dans un ghetto et entretiennent le rejet de tout ce qui représente l’Etat (école, services sociaux, pompiers, police, armée, hôpitaux, médecins). 

Une petite minorité s’en sort et se fond dans la société française. Mais pourquoi juste une petite minorité ? Alors que les vagues d’immigration précédentes ont toutes réussi à s’intégrer malgré l’accueil désastreux qu’elles avaient reçu au départ (italiens, polonais, espagnols, portugais, pieds-noirs juifs ou chrétiens) ?

Nous sommes là confrontés à la question essentielle : qu’avons-nous raté avec ces nouvelles générations ? Que n’avons-nous pas su faire ? Que n’avons-nous pas pu faire ? Que n’avons-nous pas voulu faire ?

Il est urgent de répondre à ces questions. 

Faute de quoi la France ira vers une guerre civile déclenchée par certains qui voudront expulser tous les immigrés maghrébins pour régler radicalement le problème.

Intelligence artificielle

20. avr., 2016

Deux dates à retenir :

1997 - Défaite de Garry Kasparov, champion du monde du jeu d’Échecs, face à « Deep Blue », l’ordinateur d’IBM.

2016 - Défaite de Lee Sedol, champion du monde du jeu de Go, face au programme « Alpha Go » de « Deep Mind » (Google), 4 à 1.

Les prochaines victoires possibles : la voiture sans conducteur (humain), le diagnostic en imagerie médicale sans médecin (humain). 

Dictature de la minorité

15. avr., 2016

 

On avait déjà bien compris : les « Nuits Debout » ce ne sont que des profs, des étudiants, des intermittents du spectacle, il n’y a pas d’ouvriers, d’arabes, de noirs, de pauvres des cités. Ce sont des bobos, des farfelus, des illuminés, des utopistes, des bavards. Des gens qui parlent, quoi, et qui ne savent faire que ça. Sans passer par les canaux officiels. La parole doit être estampillée. Ils sont donc coupés des réalités par définition. Ce sont des privilégiés qui contestent le système. Comme en mai 68 alors ? Tiens, tiens… 

 

Mais Bruno Le Maire sur France-Inter en rajoute une couche :

« Je souhaite qu’il n’y ait pas de dictature de la minorité dans notre pays. »

Ceci toujours à propos des intervenants sur les « Nuits Debout », place de la République et ailleurs. Très dangereux conspirationnistes ! Des bolcheviks !

Dictature ? vous avez dit dictature ? de la minorité ?

Et celle des banquiers, des traders, des énarques, des oligarques de Bruxelles, des politiques professionnels et multi-cartes, de ceux qui touchent leurs jetons de présence et leurs parachutes dorés après avoir mis leurs entreprises en ruine et licencié leurs ouvriers, de ceux qui réduisent le temps de parole des petits candidats parce qu’ils ne représentent rien, de ceux qui continuent à toucher leurs émoluments de ministre même après avoir été convaincus de fraude fiscale, des anciens Présidents qui continuent à être entretenus par le contribuable et à rapatrier leur argent depuis les comptes off-shore via des conférences bidon, de ceux qui planquent leur argent au Panama ou ailleurs et qui asphyxient les services publics du pays en ne payant pas d’impôts… 

Ils ne sont pas minoritaires ceux-là ? 

Toujours au pouvoir ou dans ses coulisses, toujours en train de pomper dans les caisses de l’Etat (l’argent volé aux contribuables).

Ce n’est pas une dictature ça ? 

La pire de toutes, planquée et légale.

 

Alors, les leçons de démocratie…

 

Je comprends très bien pourquoi ce mouvement imprévu les inquiète tous. Ils dormaient tranquilles depuis juin 68, et voilà que ça recommence !

Les gens se mettent à réfléchir sur l’organisation de la société et à se parler entre eux, ils se mêlent enfin de politique au lieu de se plier aux pseudo-choix que leur assène la télé, ils investissent l’espace public, l’agora, et se mettent à parler sans intermédiaires, sans représentants, sans spécialistes pour parler à leur place et sans journalistes pour résumer en deux mots et pour décider de ce qui est pertinent.

C’est l’anarchie alors, la chienlit !

Alors certains (minoritaires) trouvent insupportable cette irruption du vrai, en marge de tout l’appareil télévisuel qui était destiné à le contenir et à l’étouffer.

Et ils ont raison : ils ont du souci à se faire !

 

PSYCHIATRIE ET GOULAG

26. mars, 2016

J’ai pu lire par des moyens inavouables le rapport que la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, a rédigé pour dénoncer les pratiques du centre psychothérapique de l’Ain, à Bourg-en-Bresse. Suite à une plainte d’une famille dont la patiente était attachée depuis plus d’un an.

J'ai été sidéré.

Les faits vous les connaissez sûrement déjà : une grande proportion de patients enfermés toute la journée en chambre d’isolement, souvent attachés sur leur lit, parfois nuit et jour. Pendant des mois ou des années.

Un établissement accrédité. Des inspections de l’ARS, de l’HAS, de la Commission départementale des soins psychiatriques, certaines très anciennes, d’autres très récentes : aucune n’a rien vu.

Alors qu’elle a vu tout de suite : l’horreur.

Des pratiques organisées, validées, protocolisées par les médecins de la CME, les délégués du personnel et les syndicats de soignants. La CFDT-Santé par exemple écrit : « Nous sommes contraints de réviser nos pratiques et, plutôt que de se lamenter sur une décision  qui, de toute façon, ne nous appartient pas, voyons cela comme une chance de faire évoluer notre institution… La CFDT sera au côté des salariés pour les accompagner dans cette réorganisation. » Et qui a été au côté des patients pendant toutes ces années de cauchemar ?

La vérité c’est que l’enfermement et la contention systématiquement appliqués ne sont que des mesures de confort pour tous les membres de l’institution. On se réfugie souvent derrière le manque de moyens et de personnels, mais en fait on a pour principal objectif d’être tranquille : ça commence avec l’augmentation systématique des traitements sédatifs, et ça se poursuit par l’enfermement et la contention systématiques.

Bourg-en-Bresse n’est que l’image en miroir de ce qui guette toute institution psychiatrique si elle se laisse aller à la pente de l’entropie institutionnelle, où le patient finit par devenir un gêneur.

J’en appelle à tous les soignants en psychiatrie qui croient encore à leur métier et dont le patient est la seule priorité : organisez la résistance à ce genre de pratiques inhumaines, fascistes et illégales, même si elles sont cautionnées par ceux qui détiennent le pouvoir dans votre institution.

Dénoncez-les ! Et battez-vous pour faire vraiment votre métier, dans l’honneur !

Et merci pour tout ce que vous faites déjà tous les jours pour vos patients.