13. juin, 2018

Macron et les pauvres

 

Peu à peu la pensée de Macron se précise.Tout ce qu’il avait voulu cacher pendant la campagne présidentielle finit par émerger. Il se lâche enfin, pensant avoir gagné les esprits. 

Sur les classes sociales d’abord. Le problème selon lui n’est pas qu’une petite caste vole l’argent à tous ceux qui produisent et ne leur reverse que des miettes. Le problème c’est que les plus nombreux, les pauvres, tout en pompant des sommes faramineuses d’aides sociales, continuent à rester pauvres, et leurs enfants aussi. C’est pareil pour l’éducation et la santé assure-t-il. 

Il a donc trouvé la solution : il faut arrêter de verser des sous aux plus pauvres, il faut les amener (les obliger ?) à devenir riches. Parce que si les riches continuent à leur verser quelques subsides ils les encouragent en fait à rester pauvres. Il faut au contraire agir en amont en les poussant sur la voie de l’enrichissement. Pour l’éducation c’est pareil : il faut éviter qu’il y ait des chômeurs à la sortie du système. Et pour la santé : il faut éviter qu’il y ait des malades qui viennent encombrer les hôpitaux. La solution c’est l’action en amont.

Il feint d’ignorer deux éléments essentiels : c’est que, pour que des riches deviennent super-riches, il faut bien qu’ils volent l’argent aux pauvres qui travaillent pour eux et produisent la plus-value (pourtant il assure avoir lu Karl Marx et le conseille même aux jeunes). Et qu’ils le placent dans les paradis fiscaux pour le préserver de l’impôt et éviter de contribuer au service public qui est un reversement de plus-value. 

Et que si on permet aux pauvres de devenir riches ça signifie qu’ils vont s’emparer d’une part supplémentaire de gâteau que les super-riches n’auront plus. Ces derniers vont-ils être d’accord pour se laisser dépouiller de ce revenu qu’ils avaient réussi à s’attribuer par la violence économique du salariat, même si c’est Macron qui le leur demande gentiment ?

Mais il semble confiant : ça « nous » coûtera moins cher de toute façon que l’ancien système. Nous, les riches, qui sommes les victimes de cet ancien système injuste, dispendieux et inefficace. C’est ce que disait un patron américain : un esclave coûte finalement plus cher qu’un salarié, alors vive l’abolition de l’esclavage : nous ferons des économies de main d’œuvre.

Pour les migrants il a trouvé la même solution : l’Afrique fait beaucoup trop d’enfants, c’est ça le problème qu’il faut régler là aussi en amont.

Macron c’est le président de l’action en amont. Et il a même intitulé son dernier livre « Révolution », clin d’œil à Karl Marx qui aurait été d’accord sur un seul point : il faut empêcher qu’une classe d’exploiteurs s’empare de la richesse produite par tous, en amont.