20. janv., 2018

ZAD

 

On nous prévient qu’il n’y aura pas de zone de non-droit sur la ZAD de Notre-Dame des Landes. Bien.

Mais s’est-on préoccupé jusqu’ici des autres zones de non-droit ? 

Dans toutes les cités des grandes ou petites villes où ni pompiers ni policiers ne peuvent pénétrer, et où les voitures qui viennent protéger les caméras de surveillance sont incendiées parce qu’elles dérangent ces messieurs qui font leur business ; dans les prisons où les surveillants sont agressés à l’arme blanche avec l’intention de viser la carotide ; dans les tribunaux où les juges sont insultés et menacés dans leur vie privée par les petits caïds qui ne supportent pas de s’être fait coincer ; dans les hôpitaux où les travailleurs des urgences sont insultés et agressés chaque fois que ça ne va pas assez vite ou qu’ils annoncent que le patient devra payer quelque chose ; dans les lycées et les collèges où tout enseignant qui veut maintenir le calme et le respect nécessaires à l’éducation se fait insulter et tabasser.

Des zones de non-droit il y en a beaucoup pour les très riches aussi : Bahamas, Îles Vierges, Panama... Il s'agit ici de hors-la-loi, de véritables délinquants de haut vol, en col blanc, invisibles, mais dont le pouvoir de nuisance est d'autant plus efficace. Ceux que l'on devrait accuser comme responsables de l'explosion des inégalités, des désastres guerriers et climatiques, et des vagues d'émigration qui s'en suivent. Tous ceux qui nous mènent droit dans le mur : mais ils s'en fichent, leur vision égoïste à court terme leur laisse encore quelques décennies de répit. Après ils seront morts, gavés : après moi, le déluge !

Les zones de non-droit ont essaimé partout ces dernières années, parce que certains ne respectent plus la loi, n’adhèrent à plus rien, se croient tout permis, sont dans la toute-puissance, ou sont en guerre contre le pays où ils sont nés, qui les accueille ou qui a accueilli leurs parents. Les voyous, petits et grands, lèvent la tête et sont dans l’arrogance et l’affrontement.

Alors pourquoi faudrait-il envoyer l’armée contre les zadistes et pas contre tous les autres ? 

Les zadistes sont dangereux parce qu’ils refusent le système économique dominant et qu’ils prouvent depuis plusieurs années qu’un mode de vie alternatif est possible, aux antipodes de tout ce qu’on nous présente comme naturel et normal, en tout cas obligatoire et incontournable, dans tous les domaines : agriculture, alimentation, construction, échanges, relations sociales, éducation, formation, et surtout la sacro-sainte propriété privée des moyens de production.

Les petits voyous ne gênent pas les banquiers parce qu’ils ne remettent pas en cause le système, ils font juste du business eux aussi, à leur manière, mais ils partagent les valeurs de la classe bourgeoise dominante : faire du fric par tous les moyens, avec de la violence visible ou cachée, avec des flingues ou des ordinateurs. Ils sont du même côté. Des frères en quelque sorte, ou des cousins.