20. oct., 2016

Médicaments anti-Alzheimer

 

Quelques chiffres. 

En France un million de malades diagnostiqués Alzheimer. Maladie dégénérative qui s’attaque aux fonctions cognitives, mnésiques et comportementales. 

40000 prennent des médicaments qui sont censés ralentir leur dégradation. 

Coût : 400 millions d’euros/an en 2000.

Tous ces malades sont en ALD, remboursés à 100%.

La première prescription doit être faite par un gériatre, un neurologue ou un psychiatre. Le généraliste peut ensuite renouveler cette prescription.

Ces patients ont en plus des somnifères (car sont souvent agités la nuit), des neuroleptiques (car sont souvent agressifs le jour) et des antidépresseurs (car sont souvent inertes).

Le premier médicament apparu en 1993 était le Cognex (tacrine), vieil anesthésique des années 40, qui avait obtenu une autorisation à partir d’études qui se sont depuis avérées truquées.

En 1997 Aricept (donepezil) du laboratoire Eisai.

En 1998 Exelon (rivastigmine) du laboratoire Novartis.

En 2000 Reminyl (galantamine) du laboratoire Janssen-Cilag.

Ces trois-là étaient des anticholinestérasiques.

En 2002 Ebixa (mémantine) du laboratoire Lündbeck.

Ce dernier bloque les récepteurs au glutamate.

 

La Commission de la transparence au sein de la Haute autorité de santé avait déjà émis un doute en 2011 sur le Service médical rendu : elle avait déclassé ces médicaments de « modéré » à « faible ou mineur », et leur remboursement était passé de 65% à 15%. En 2016 elle l’a dégradé en « insuffisant » et préconisé leur non-remboursement par la Sécurité Sociale.

Ces médicaments sont officiellement (et c’est une première mondiale) déclarés inefficaces, potentiellement dangereux, et particulièrement coûteux.

Avec tout l’argent qu’ils ont rapporté aux laboratoires pharmaceutiques, d’autres approches non-médicamenteuses auraient pu être développées pendant toutes ces années, réellement efficaces pour améliorer le quotidien de ces malades et leur fonctionnement neuronal : ateliers à médiation corporelle, artistique et cognitive, plus soutien psychologique.

Enfin une décision courageuse face au lobby des labos qui a tout infiltré, depuis les grands pontes universitaires jusqu’au généraliste qui officie en maison de retraite.

Le médicament miracle et incontournable est enfin démasqué (comme les statines récemment pour le cholestérol).

Je me sens conforté dix ans après par cette reconnaissance officielle. Je me souviens du tout début des années 2000 où j’avais du mal face aux familles désemparées à argumenter contre ces molécules présentées par les médias comme miraculeuses et pour lesquelles je ne voyais aucun effet positif au bout de cinq ans de prescription.

Les labos se consoleront : ces quatre molécules sont génériquées depuis 2016 et le pactole s’est donc déjà tari, après quinze à vingt ans de profits.

 

Restons néanmoins vigilants : le marché des patients Alzheimer ne cesse de croître exponentiellement et donc attire les marchands de rêve et les chasseurs de parts de marché.