15. avr., 2016

Dictature de la minorité

 

On avait déjà bien compris : les « Nuits Debout » ce ne sont que des profs, des étudiants, des intermittents du spectacle, il n’y a pas d’ouvriers, d’arabes, de noirs, de pauvres des cités. Ce sont des bobos, des farfelus, des illuminés, des utopistes, des bavards. Des gens qui parlent, quoi, et qui ne savent faire que ça. Sans passer par les canaux officiels. La parole doit être estampillée. Ils sont donc coupés des réalités par définition. Ce sont des privilégiés qui contestent le système. Comme en mai 68 alors ? Tiens, tiens… 

 

Mais Bruno Le Maire sur France-Inter en rajoute une couche :

« Je souhaite qu’il n’y ait pas de dictature de la minorité dans notre pays. »

Ceci toujours à propos des intervenants sur les « Nuits Debout », place de la République et ailleurs. Très dangereux conspirationnistes ! Des bolcheviks !

Dictature ? vous avez dit dictature ? de la minorité ?

Et celle des banquiers, des traders, des énarques, des oligarques de Bruxelles, des politiques professionnels et multi-cartes, de ceux qui touchent leurs jetons de présence et leurs parachutes dorés après avoir mis leurs entreprises en ruine et licencié leurs ouvriers, de ceux qui réduisent le temps de parole des petits candidats parce qu’ils ne représentent rien, de ceux qui continuent à toucher leurs émoluments de ministre même après avoir été convaincus de fraude fiscale, des anciens Présidents qui continuent à être entretenus par le contribuable et à rapatrier leur argent depuis les comptes off-shore via des conférences bidon, de ceux qui planquent leur argent au Panama ou ailleurs et qui asphyxient les services publics du pays en ne payant pas d’impôts… 

Ils ne sont pas minoritaires ceux-là ? 

Toujours au pouvoir ou dans ses coulisses, toujours en train de pomper dans les caisses de l’Etat (l’argent volé aux contribuables).

Ce n’est pas une dictature ça ? 

La pire de toutes, planquée et légale.

 

Alors, les leçons de démocratie…

 

Je comprends très bien pourquoi ce mouvement imprévu les inquiète tous. Ils dormaient tranquilles depuis juin 68, et voilà que ça recommence !

Les gens se mettent à réfléchir sur l’organisation de la société et à se parler entre eux, ils se mêlent enfin de politique au lieu de se plier aux pseudo-choix que leur assène la télé, ils investissent l’espace public, l’agora, et se mettent à parler sans intermédiaires, sans représentants, sans spécialistes pour parler à leur place et sans journalistes pour résumer en deux mots et pour décider de ce qui est pertinent.

C’est l’anarchie alors, la chienlit !

Alors certains (minoritaires) trouvent insupportable cette irruption du vrai, en marge de tout l’appareil télévisuel qui était destiné à le contenir et à l’étouffer.

Et ils ont raison : ils ont du souci à se faire !