26. mars, 2016

PSYCHIATRIE ET GOULAG

 

J’ai pu lire par des moyens inavouables le rapport que la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, a rédigé pour dénoncer les pratiques du centre psychothérapique de l’Ain, à Bourg-en-Bresse. Suite à une plainte d’une famille dont la patiente était attachée depuis plus d’un an.

J'ai été sidéré.

Les faits vous les connaissez sûrement déjà : une grande proportion de patients enfermés toute la journée en chambre d’isolement, souvent attachés sur leur lit, parfois nuit et jour. Pendant des mois ou des années.

Un établissement accrédité. Des inspections de l’ARS, de l’HAS, de la Commission départementale des soins psychiatriques, certaines très anciennes, d’autres très récentes : aucune n’a rien vu.

Alors qu’elle a vu tout de suite : l’horreur.

Des pratiques organisées, validées, protocolisées par les médecins de la CME, les délégués du personnel et les syndicats de soignants. La CFDT-Santé par exemple écrit : « Nous sommes contraints de réviser nos pratiques et, plutôt que de se lamenter sur une décision  qui, de toute façon, ne nous appartient pas, voyons cela comme une chance de faire évoluer notre institution… La CFDT sera au côté des salariés pour les accompagner dans cette réorganisation. » Et qui a été au côté des patients pendant toutes ces années de cauchemar ?

La vérité c’est que l’enfermement et la contention systématiquement appliqués ne sont que des mesures de confort pour tous les membres de l’institution. On se réfugie souvent derrière le manque de moyens et de personnels, mais en fait on a pour principal objectif d’être tranquille : ça commence avec l’augmentation systématique des traitements sédatifs, et ça se poursuit par l’enfermement et la contention systématiques.

Bourg-en-Bresse n’est que l’image en miroir de ce qui guette toute institution psychiatrique si elle se laisse aller à la pente de l’entropie institutionnelle, où le patient finit par devenir un gêneur.

J’en appelle à tous les soignants en psychiatrie qui croient encore à leur métier et dont le patient est la seule priorité : organisez la résistance à ce genre de pratiques inhumaines, fascistes et illégales, même si elles sont cautionnées par ceux qui détiennent le pouvoir dans votre institution.

Dénoncez-les ! Et battez-vous pour faire vraiment votre métier, dans l’honneur !

Et merci pour tout ce que vous faites déjà tous les jours pour vos patients.