27. janv., 2016

"Social-démocratie" ?

Pauvre Christiane Taubira !

Quand elle était ministre, la droite réclamait sa tête chaque semaine en l’accusant de laxisme envers les délinquants. Les syndicats de policiers avaient trouvé une bonne cible, celle qui libère tout de suite tous les délinquants que les policiers ont eu du mal à arrêter, celle qui veut vider les prisons (terreau des salafistes) et mettre un bracelet électronique à tous ces gens-là.
La droite, quant à elle, ne supportait pas une femme, noire, ancienne indépendantiste, cultivée, grande gueule, oratrice aux réparties cinglantes anti-machistes et anti-racistes : chacune de ses réponses à l’Assemblée Nationale les rendait verts de rage (Eric Ciotti en tremble encore).

A présent qu’elle n’est plus ministre, la droite et le FN se félicitent de ce qu’ils croient être leur victoire. Ce sont les autres qui s’énervent et s’inquiètent : elle risque d’oeuvrer avec la gauche de la gauche pour faire battre Hollande dès le premier tour.

Et c’est là que réapparaît le vieux discours qui voudrait nous faire croire que face à la droite et au FN il n’y a que la solution social-démocrate, la seule réaliste et raisonnable. Surtout pas la gauche, la vraie.
Or, les citoyens ont vu depuis 2012 ce qui se cachait derrière cette étiquette social-démocrate : après les envolées lyriques de campagne (« je n’aime pas les riches », « la politique doit contrôler les flux financiers », « l’Etat empêchera que les patrons licencient à leur guise »…), nous avons vu se développer une politique libérale, mondialiste, couchée devant les exigences des banquiers et des patrons, et tentant de supprimer le dernier rempart : le Code du Travail, sous les doux euphémismes de simplification et d’assouplissement. Tout ceci bien sûr pour lutter contre le chômage.
En trois ans tout a été renié. Hollande a fait passer des tonnes de mesures que la droite n’aurait même pas osé se permettre.
Il pense sincèrement que s’il est impopulaire c’est parce qu’il n’est pas assez à droite. Il se trompe complètement : c’est parce qu’il a menti à ses électeurs et qu’il n’a pas eu les couilles de mener une politique de gauche (ou qu'il n'en a jamais eu l'intention).
Ce que certains continuent à appeler social-démocratie n’est pas une alternative à la droite : c’est une variante de ce libéralisme, prôné par tous les médias à la botte des financiers, et par la cohorte d’économistes qui se précipitent pour nous assurer qu’aucune solution alternative n’est possible.
Alors oui, franchement, face à la droite et au FN, il y a bien sûr une alternative : mais ce n’est sûrement pas le triumvirat Hollande - Valls - Macron.